Démarche Zéro déchet : 10 erreurs à éviter

Une démarche Zéro déchet c’est un processus qui vise à réduire durablement la taille de ses poubelles afin d’avoir moins d’impact sur la planète.

Ces petits gestes, qui ont un effet positif au niveau personnel (avoir une vie plus saine, faire des économies, être plus heureux...etc) modifient également en mieux le monde dans lequel nous vivons.

Je l’ai expérimenté depuis quelques années à titre personnel et dans mon magasin, et j’en ai discuté avec de nombreux habitués de l’idée : ce processus de transition vers un mode de vie plus sain peut être jonché de déconvenues qui peuvent inciter à renoncer, mais qu’il est possible de contourner, une fois qu’on les a identifiées.

Alors, que vous soyez débutant.e ou confirmé.e, voici la liste des 10 principales erreurs à éviter pour conserver un esprit positif et durablement adopter l’habitude ZD.

Erreur numéro 1 : réduire ses déchets, quelle drôle d’idée !

réduire ses déchets quelle drôle d'idée

Cela peut paraître saugrenu d’avoir envie de se pencher sur ses ordures, (même pour les limiter). Nous avons été habitués à nous en débarrasser et à ne pas nous occuper de ce qu’elles peuvent devenir : on jette la poubelle, problème résolu, les déchets ont disparu ! C’est magique ! 

 

Dans la réalité cela ne se passe pas comme cela...nos déchets sont au pire enfouis ou incinérés, au mieux recyclés. Leur production,leur récupération, leur traitement, ont un impact important : coût pour la collectivité, utilisation de ressources précieuses et pas infinies, réchauffement climatique, pollutions plastiques jusqu’au niveau nanoscopique....à tel point qu’en France nombre de sites des pouvoirs publics martèlent cette phrase : “le meilleur déchet, c'est celui qu'on ne produit pas

 

Limiter ses déchets est une cause environnementale importante, au même titre que les luttes contre le dérèglement climatique, ou contre la disparition des abeilles. C’est d’ailleurs une des seules causes à bénéficier d'une mise en lumière sur plusieurs jours tous les ans : la semaine européenne de réduction des déchets. Une semaine complète. Et ouais. Carrément.

Erreur numéro 2 : commencer le zéro déchet...et s’arrêter

Les premières actions sont  simples à mettre en place : c’est la fameuse théorie des 5R (Refuser, Réduire, Réutiliser, Recycler, Rendre à la terre) : 

-éviter les produits jetables en préférant des alternatives réutilisables,

-limiter les emballages en achetant en vrac en bocaux consignés, d’occasion…(et si votre commerçant refuse de vous servir dans votre contenant, vous trouverez quelques astuces utiles dans l'article Mon commercant refuse de me servir dans mon contenant)

-mieux trier

-composter les déchets de cuisine, et hop moins un tiers de la poubelle ! 

-réparer ce qui peut l’être, donner ou vendre ce dont on n’a plus besoin. 

 

Une fois que vous avez fait tout ça, la taille de votre poubelle a carrément diminué !


instant charnière dans la réduction des déchets

Et là, vous arrivez à un point charnière de la démarche : 

-les déchets qui restent sont plus compliqués à supprimer, à moins de modifier certaines de nos habitudes ancrées, 

-on n’est plus porté par le premier élan où tout se met en place assez facilement, 

-la moindre petite réduction supplémentaire va nous demander des trésors d’imagination, ou d’organisation, ou d’argumentation pour convaincre les proches.

 

Vous pourriez être tenté.e à ce moment-là de dire : "je fais ma part, c'est déjà bien, je ne vais pas plus loin."

 

Et c’est précisément à ce moment-là qu’il faut activer le mode slow...une petite victoire à la fois, car chaque petit déchet éliminé, c’est un petit bonheur. C’est la preuve que vous êtes capable de plus que ce que vous pensiez au départ. C’est excellent pour votre estime personnelle.

 

Erreur numéro 3 : Chercher à atteindre vraiment Zéro déchet , rien, nada, niet !

zero déchet total égale la tête à Toto

Zéro déchet c’est une expression pratique à utiliser pour désigner le fait de les limiter jusqu’à arriver à une toute petite quantité.  Mais vraiment arriver à Zéro c’est impossible, particulièrement dans la société actuelle où tout est bâti autour de l’idée que les conséquences des articles à usage unique sont minimes. Conséquence : à chaque problème qui se présentera à nous la première solution qui sera suggérée sera systématiquement jetable, et sera à nous de se creuser les méninges pour envisager une solution plus durable. Il n’y a qu’à voir l’exemple des masques !

 

A titre personnel, je déteste le bocal ZD représentant une année de déchets pour une famille de 4 personnes ! Je le trouve hyper culpabilisant : pour une poignée de personnes qui l'exhibent fièrement pour montrer que c’est possible, il y en a combien d’autres qui le comparent à leur poubelle, voient qu’ils en sont loin et se sentent découragés? “Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas TOUT faire qu’il ne faut RIEN faire”… dit Bénédicte Moret, la maman de la famille (presque) zéro déchet. Voilà un “slogan” bien plus motivant ! 

 

Prendre conscience que tout ne dépend pas de soi, que selon la région habitée, le lieu de travail, les possibilités d’achat en vrac, et même la législation du pays, le processus de diminution de la poubelle sera plus ou moins facile, et mettre en place des habitudes petit à petit, sont les meilleures solutions pour que la réduction des déchets soit durable, et agréable, même si on n’arrive jamais à zéro. C’est pas grave, l’important c’est pas la destination, c’est le voyage. 

Erreur numéro 4 : Penser que c’est facile de changer ses habitudes

“C’est comme la bicyclette, ça revient vite !”

Les habitudes programmées dans votre cerveau sont bien plus nombreuses que vous ne le pensez. Elles sont indispensables au quotidien : elles vous permettent de réaliser des gestes presque inconsciemment  afin de vous concentrer sur autre chose en même temps. Pour cela, les réseaux neuronaux menant à ces habitudes sont renforcés, notamment par une plus grosse quantité de myéline (substance gainant les fibres nerveuses). L’information passe d’autant plus facilement et rapidement. C’est comme l’eau d’un torrent saisonnier qui aura tendance à toujours emprunter le même chemin car il correspond au lit creusé au fur et à mesure des années : ce sera sa direction privilégiée.

Un geste répété quelques dizaines de fois peut suffire à créer un automatisme, un sillon neuronal. Cette action est difficile à détourner car son circuit neuronal est choisi en priorité par notre cher cerveau. 

C’est le cas pour tous les gestes de notre vie quotidienne, donc également notre façon de faire les courses, de faire la cuisine, de nous laver...etc….C’est pour cela que cela peut paraître si difficile d’accepter tout changement dans notre vie. 

les rouages du cerveau

La bonne nouvelle? Le cerveau s’adapte chaque jour en éliminant les réseaux qui ne sont plus utilisés donc remplacer une action de routine par une autre (qui utilisera des circuits neuronaux proches, de préférence) c’est mettre en place des changements durables. Par exemple “aller chercher son pain tous les matins” deviendra “aller chercher son pain tous les matins avec son sac à pain en tissu”. 

Erreur numéro 5 : Vouloir tout passer en mode ZD en même temps


aller trop vite

Au début, vous êtes tout feu tout flamme. A fond dans la démarche ! Vous lisez des blogs, regardez des reportages, vous cogitez et vous vous lancez dans toutes les directions : vous désencombrez toutes les pièces en même temps, vous testez 5 cosmétiques solides à la fois, vous révolutionnez vos menus, vous notez plein de tutos à faire...et vous vous frustrez ! et vous vous fatiguez !  

 

STOP ! vouloir tout faire en même temps c'est gamelle à tous les coups ! garanti !

Votre cerveau, bien que super cool avec vous, ne va pas accepter comme ça de modifier d’un coup beaucoup de sillons neuronaux et va vous envoyer des signaux de mal-être, dont le remède sera : retour à la case départ !

 

C’est quoi alors la bonne fréquence? Une nouvelle habitude toutes les semaines? Une tous les mois? Cela dépend du type de changement que vous souhaitez mettre en place, de ce que vous avez envie de faire, c’est à vous de décider ! Si la nouvelle habitude à adopter est très différente de l’ancienne, il y a deux méthodes possible : 

 

1) Glisser des étapes d’une habitude à l’autre jusqu’à celle qui vous convient : par exemple pour changer totalement sa routine de soin des cheveux on peut commencer par alterner une fois sur deux shampoing liquide et shampoing solide, puis remplacer l’après shampoing, puis acquérir un peigne en bois...etc... 

 

2) se préparer à l’avance et décider d’un période test pour mettre en place l’habitude à l’essai sur une courte période : Béa johnson profite du carême chaque année pour “tester” pendant un mois une nouvelle habitude importante à ses yeux, comme manger végétarien, et au bout d’un mois elle fait le bilan. Si après un mois le test est concluant l’habitude est adoptée. Dans le même genre il y a également “Février sans supermarché” par exemple.

Erreur numéro 6 : vouloir acheter des articles ZD sans en avoir besoin

Avez-vous réellement besoin de capsules de café rechargeables ? (que vous allez remplir 3 fois avant de finalement ressortir du placard votre bonne vieille cafetière, qui s’avère plus pratique pour le café en vrac ) Avez-vous besoin de vaisselle et couverts à pique-nique en bambou (mais toujours jetable) alors que vous pouvez décider d’emmener ceux que vous utilisez au quotidien à la maison ? Avez-vous besoin d'une box zéro déchet dont vous ne choisissez pas les produits et donc que vous n’utiliserez pas pleinement ?

 

Avez-vous besoin d’un moule à glace en inox alors que votre bac à glaçon ou votre moule à gâteau habituels peuvent vous servir pour LA fois ou vous aurez envie de faire des glaces maison ?

trop acheter

La réponse est non. En tant que commerçante je suis bien placée pour dire qu’il n’est pas nécessaire d’acheter tant qu’on ne juge pas que l’on va en avoir réellement besoin, au risque de générer inutilement des déchets. 

 

C’est pour cela que certains “gadgets ZD” n’ont pas leur place dans les rayons de mon magasin. Ici les articles écologiques sont présents parce que, en tant que première cliente de mon magasin, j’ai jugé qu’ils pourraient être très utiles aux adeptes de la démarche de limitation des déchets, à commencer par moi ! Et vous les trouverez dans le rayon C'est le bazar .

 

Erreur numéro 7 : Culpabiliser à propos des déchets qu’on n’arrive pas à éliminer

Regarder ce qui reste dans votre poubelle en vous désolant de ne pas arriver à la réduire plus c’est l’une des erreurs fréquentes. C’est normal, pour réduire ses déchets on se focalise dessus ! C’est pour cela que c’est important de régulièrement vous rappeler la taille qu’avait votre poubelle avant de commencer la démarche, et de comptabiliser mentalement chaque fois que vos évitez un déchet jetable, car à chaque fois c’est une petite victoire !

 

Et même sachant cela, c’est facile de culpabiliser à propos des déchets que l’on n’évite pas. Dans votre quotidien il y en a plein d'occasions où vous n’éviterez pas le déchet alors que potentiellement se serait possible : craquer pour telle tablette de chocolat, oublier votre sac à pain et vous retrouver avec un papier autour de sa baguette, aller en fast-food ou commander à emporter. Et c'est normal. Et ce n'est pas grave. C’est une démarche Zéro Déchet, pas une démarche “je veux être parfait” !

Erreur numéro 8 : Devenir obsessionnel donc pénible pour les proches

Si tous les sujets de discussion, en famille, entre amis, au boulot, se mettent à tourner systématiquement autour de la limitation des déchets, STOP !  A trop être obnubilé par le poids de ses poubelles, on en perdrait la convivialité, la joie d’être ensemble, de savourer des instants de vie simples et heureux. 

 

C’est super de réduire ses déchets mais il y a plein d'autres trucs aussi super.

 

Quand vous parlez de zéro déchet les personnes qui ne le pratiquent pas se sentent jugées sur leur mode de conservation (même si ta démarche est informative) donc ne réagissent pas toujours bien. Ils n’ont pas du tout envie que vous les culpabilisiez donc s’en défendent à priori...et pour certains la meilleure défense est carrément l’attaque !

ennuyer ses amis

Histoire vécue : Quand tu n’as pas vu ta famille depuis plus de 6 mois et que, 5 minutes après être arrivée, tu bloques sur le serviettes en papier : “maman, on a chacun un rond de serviette en bois et on utilise des serviettes en tissu depuis tout petits, on peut pas dégager ces serviettes papier? “ et que tu t’en veux d’avoir râlé alors que tu viens à peine d’arriver, en voyant ta mère obtempérer, (smiley souriant) et que l’année suivante tu vois réapparaître les serviettes en papier avec l’argument suivant “pour limiter les risques contre le covid c’est mieux que les serviettes en tissu que tout le monde va toucher pour les mettre à table à chaque repas” (smiley boudeur)...mouais, elle a bon dos la pandémie...et moi j’ai pas du tout l’impression de passer pour un dragon !

 

Le meilleur moyen pour convaincre c'est de ne pas chercher à imposer, mais de bien comprendre les objections que l'on vous fait quand vous parlez de zéro déchet, afin de pouvoir y répondre de manière simple mais argumentée...et laisser réfléchir !

J'ai rédigé l'article les objections au zero dechet. Si cela peut vous aider ;D

Erreur numéro 9 : Avoir le sentiment qu’on ne sera jamais assez nombreux pour que cela ait un impact

Bon d’accord le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat a publié un rapport révélant que seulement 100 entreprises sont responsables de 71% des émissions climatiques mondiales…mais comment vivent-elles ces entreprises? Grace à nos actes d'achats directement ou indirectement !

 

Nous sommes nombreux sur la planète, et ce n’est pas pour rien que les calculs d’impact énergétique annoncent que si tout le monde vivait comme nous, les français, il faudrait 2,7 planètes. 

 

Les petits gestes que chacun de nous peut mettre en place, additionnés les uns aux autres, peuvent changer les choses.Ce que nous décidons d’acheter ou de ne pas acheter, où nous l’achetons, cela crée une loi de l’offre et de la demande : les entreprises arrêtent de produire des produits qui ne se vendent pas.

Coluche disait « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent plus pour que ça ne se vende pas ! ».

 

Dans ce contexte du sacro-saint “prix au kilo” devenu le mètre étalon de quasiment tous les achats, du “quieestvraimentmoinscherquepascher” et la fréquentation des supermarchés (et discount) entrée dans les mœurs depuis plusieurs dizaines d’années on a l’impression que c’est impossible de faire changer les choses. 

 

Et pourtant elles changent :D : progression du bio, progression des rayons vrac et du service dans les emballages personnels, jusque dans les supermarchés, apparition de rayons “cosmétiques naturels” de pubs pour les soupes “merci d’avoir fait évoluer nos produits”...etc… Oui, limiter ses déchets, choisir des produits durables, du vrac, cela a un impact ! 

Erreur numéro 10 : Vouloir que l’ensemble de la famille adhère et progresse en même temps que soi :

Parfois vous vous sentez seul.e face à votre conjoint, vos enfants qui ne comprennent pas (ou pas toujours) les efforts que vous pouvez déployer parfois pour de tout petits résultats. Ce n'est pas facile quand il faut modifier les habitudes d’une famille entière sans frustrer qui que ce soit.

 

Cela oblige à ralentir le rythme, à céder du terrain d’un côté pour faire accepter un autre changement d’habitude de l’autre : “d’accord vous n’aimez pas le goût du lait pasteurisé en bouteille, vous le trouvez trop fort et trop crémeux, je vais continuer à acheter des bouteilles de lait recyclables…mais par contre oubliez les yaourts et crèmes au chocolat en pots, ici ce sera yaourts et desserts maison ou rien du tout !

 

D’une concession à l'autre, vous progressez tout de même, et vous semez de bonnes idées pour l’avenir car les bons gestes que l’on apprend à nos enfants et nos adolescents seront les habitudes de leur vie d’adulte, même s'ils les rejettent en bloc par besoin de s'affirmer.

 

Adopter une démarche de limitation des déchets, même si c’est souvent simple au début et un peu plus compliqué ensuite, c’est bon pour vous, vos proches et pour la planète !

La clé pour y arriver c’est d’accepter l’idée qu’il n’y a pas une réponse pour tout (parfois il y en a plusieurs, parfois il n’y en a aucune ! ) et d’apprendre de ses erreurs : pour citer Nelson Mandela : “je ne perds pas, soit je gagne soit j’apprends”. 

 

Même si parfois on à l’impression qu’il faut apprendre beaucoup avant de gagner ! 

Pour limiter durablement ses déchets, “rien ne sert de courir, il faut partir à point. “Tout comme la tortue de la célèbre fable, il faut adopter le bon rythme, ne pas vouloir faire trop de choses en même temps ni être trop extrême, et prendre le temps d’apprécier la mise en place de chaque nouvelle habitude vers un mode de vie plus sain. Ce sont des petits gestes pour soi, mais de grands pas pour un monde plus durable. (qui à la réf?)

Après ces quelques erreurs à éviter dans une démarche de limitation des déchets, retrouvez dans l'article les petits ratés des courses zero déchet  un petit florilège des ratés et petites galères vécues : hilarant et déculpabilisant !

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