Vous avancez au cœur de votre ville pour aller au marché ou dans les commerces avoisinants et d’un coup, votre regard est arrêté par une explosion de couleurs. Ce n'est pas qu'une peinture sur un mur, c'est une histoire. L'histoire d'un projet collectif, d’une aventure humaine où des mains de tous âges et de tous horizons se sont unies pour créer un îlot de gaieté et de bienveillance au milieu du quotidien. Derrière cette fresque, il y a des émotions partagées, des sourires, et le désir simple d’un monde meilleur. Découvrez les secrets de cette création d’art urbain pas comme les autres**,** qui a transformé le quartier et qui embellit votre quotidien.
SOMMAIRE
la naissance d’un projet collectif
La création pas à pas : une expérience bienveillante
Une fresque participative qui change le regard sur la ville
Une fresque urbaine, six âmes inspirantes
Témoignage de l’artiste, Yvan Postel
La naissance d'un projet collectif
Les fresques murales embellissent le cadre de vie et en génèrent une fierté collective. Elles permettent aux villes de développer leur identité artistique et d'améliorer le bien-être de leurs habitants. J’ai eu l’occasion, lors de vacances, de visiter diverses cités et d’y observer comment l’art urbain s’implantait dans la vie quotidienne, jusqu’à voir l’office du tourisme les intégrer dans des parcours de visite guidée, comme par exemple le parcours street art de Saint Brieuc. Le jour où je suis devenue copropriétaire d’un bâtiment pour mon épicerie durable, j’ai constaté que cet édifice possédait un façade jouxtant la place Mandela qui pourrait tout à fait accueillir une fresque murale.
Bon à savoir : Une fresque murale valorise l'existant plutôt que de créer de nouveaux espaces, utilise des peintures adaptées à l'extérieur et sensibilise à la beauté de l'environnement urbain. Son impact écologique et faible, c'est une forme d'art respectueuse et durable. |
J’ai donc fait savoir à la mairie que la copropriété permettait l’utilisation du mur pour réalisation d’une peinture illustrative. J’ai été contactée quelques temps après par Jean-Philippe Burnel, qui a porté ce projet, avec une idée simple : donner la parole aux habitants pour transformer leur quartier. L'association 3A, en collaboration avec les services de la ville de Cherbourg-en-Cotentin, a donc lancé une démarche participative autour de la fresque murale de la place Mandela.
La première étape fut celle de l'écoute. Des flyers de consultation ont été distribués dans tous les commerces du quartier, invitant chaque habitant à exprimer son avis : "Un consultation publique est en cours concernant un projet de fresque : donnez votre avis en remplissant le document ci-joint". Cette approche participative témoigne d'une volonté profonde de créer un art urbain collaboratif qui résonne avec l'âme du quartier.
La réponse fut touchante : une centaine de retours, une trentaine de personnes présentes aux réunions de concertation. Les habitants ont exprimé leurs envies avec sincérité. Si 18 voix se sont portées sur Mandela et 19 sur un "décor gai et floral", c'est surtout l'unanimité autour d'une fresque gaie qui a marqué les esprits. Car au-delà des thèmes, c'est un besoin profond de bienveillance et de beauté qui s'exprimait.
Astuce utile : vous avez envie de participer à un projet d'art urbain dans votre ville ? Contactez les associations locales, participez aux consultations publiques, suivez les actualités municipales et n'hésitez pas à proposer vos idées. Chaque voix compte dans la création d'un projet artistique participatif. |
Cette démarche s'inscrit dans des valeurs essentielles : le respect de l'environnement urbain, l'écologie relationnelle ( comme lorsqu'on privilégie le réemploi créatif dans notre quotidien ) et surtout la création de liens sociaux authentiques.
L'artiste et son intention : Yvan Postel, créateur de mondes bienveillants
Il y a eu une vingtaine de propositions d’artistes suite à l’appel à projet, du Cotentin, de Normandie, et de France. Pas de grapheur à la réputation internationale comme Banksy, mais si vous habitez La Manche et que je vous parle de Blesea et de Pierre Burnel par exemple, ce sont des noms qui ne vous seront pas inconnus. Il y avait beaucoup d’artistes de talent ! C'est la candidature d'Yvan Postel qui a conquis le cœur des habitants avec 46 points lors du vote participatif. Artiste du Cotentin, Yvan habite même le quartier. Cela n’a pas joué dans le choix de son projet, c’est une heureuse coïncidence.
Sa vision pour cette fresque murale dépasse la simple décoration. À travers les personnages qu'il a choisi de représenter, il tisse un récit de tolérance et de diversité qui résonne avec l'esprit de la place Mandela. Chaque figure devient un symbole, une invitation à ralentir le rythme et à se reconnecter aux valeurs essentielles. L'intention d'Yvan s'aligne parfaitement avec le besoin contemporain de bienveillance et de gaieté dans l'espace urbain. Son art devient un refuge visuel, un moment de respiration dans l'agitation quotidienne. Comme quand vous entrez dans un boutique au cadre chaleureux et reposant, ou quand vous lisez un bon article de blog en accord avec vos valeurs.
La création pas à pas : une expérience bienveillante
La réalisation de cette création fresque murale fut un moment magique d'authenticité et de partage. Après le nettoyage minutieux du mur, chaque coup de pinceau d'Yvan était accompagné par la curiosité bienveillante des passants. Tout comme Yvan a préparé sa surface avec soin, nettoyer notre intérieur avec des produits d'entretien écologiques crée un environnement sain et harmonieux pour y vivre et y créer. Les étapes se sont déroulées dans une atmosphère unique : rires d'enfants qui s'arrêtaient pour observer, conversations spontanées avec les habitants. Ces moments incarnent parfaitement l'esprit slow living : prendre le temps de créer ensemble, de se rencontrer, de partager des émotions simples mais profondes.
Chaque personnage de la fresque s'est dévoilé progressivement, créant une attente joyeuse dans le quartier. Les habitants découvraient leur fresque jour après jour, comme un feuilleton bienveillant qui égayait leurs trajets quotidiens. Cette création murale transformait le simple passage en véritable atelier participatif art urbain à ciel ouvert.
L'innovation pédagogique s'invite également dans ce projet : chaque personnage est accompagné d'un QR code renvoyant vers des informations biographiques hébergées sur le site de la ville…ou bien vous pouvez les télécharger dans le dossier pdf inspirant créé par Yvan. Une manière moderne et ludique de prolonger l'expérience artistique.
Une fresque participative qui change le regard sur la ville
L'impact de cette fresque dépasse largement l'embellissement visuel. Cette œuvre collective a généré une véritable transformation du rapport des habitants à leur quartier. La fierté se lit dans les regards, l'apaisement se ressent dans l'atmosphère des lieux.
Pour les riverains, cette fresque représente bien plus qu'une décoration : c'est un symbole de leur capacité à agir ensemble, à créer de la beauté là où il n'y en avait pas. La place Mandela est devenue un antidote naturel à la charge mentale urbaine, un lieu où l'on peut enfin "respirer et se recentrer". Ce n'est plus seulement un point de passage, mais un espace de contemplation, de rencontre et de sérénité. (NB : Cette recherche d'apaisement peut se prolonger chez soi en créant une atmosphère sereine avec des bougies aux cires naturelles. ) Il y a aussi les commerces avoisinants et les étalages du marché du vendredi qui bénéficient également de cette dynamique positive, créant un cercle vertueux d'attractivité et de convivialité. D'ailleurs, cette synergie entre art et commerce local rappelle l'importance de ces événements communautaires comme les animations du mois du vrac qui créent du lien social autour de valeurs partagées.
Une fresque urbaine, six âmes inspirantes
Mais cette fresque murale va bien au-delà de l'esthétique. Elle nous offre une véritable galerie de portraits humains qui transforment chaque passage en moment d'inspiration. Au-dessus de ces six personnages, une phrase résonne comme un manifeste universel : "Les femmes et les hommes naissent libres et égaux". Chacun d’eux porte en lui une part de cette vérité fondamentale, transformant cette fresque murale en véritable leçon d'humanité à ciel ouvert.
Rosa Parks (1913-2005)
Surnommée "mère du mouvement des droits civiques", nous rappelle qu'un simple geste de dignité peut changer le monde. En refusant de céder sa place dans un autobus le 1er décembre 1955, cette femme de 42 ans a déclenché une révolution pacifique qui résonne encore aujourd'hui.
Nelson Mandela (1918-2013)
Le "Madiba" au sourire éternel, incarne la force du pardon et de la réconciliation. Après 27 années d'emprisonnement, il a choisi la voie de la paix plutôt que celle de la vengeance, devenant président de l'Afrique du Sud et symbole universel de tolérance.
Joséphine Baker (1906-1975)
Cette artiste franco-américaine aux mille facettes, nous enseigne que l'art peut être un formidable vecteur d'émancipation. Vedette du music-hall, résistante durant la guerre, militante antiraciste, elle a mis sa popularité au service de ses convictions jusqu'à entrer au Panthéon en 2021.
Martin Luther King (1929-1968)
Avec son célèbre "I have a dream" il continue d'inspirer tous ceux qui croient en un monde meilleur. Ce pasteur militant nous montre que la non-violence peut triompher de l'injustice, même au prix du sacrifice ultime.
Harriet Tubman (1822-1913)
Cette héroïne méconnue, illustre parfaitement que la liberté se conquiert et se partage. Ancienne esclave devenue "conductrice" du chemin de fer clandestin, elle a risqué sa vie pour libérer les autres, avant de militer pour les droits des femmes.
Aimé Césaire (1913-2008)
poète et homme politique martiniquais, nous offre cette phrase magnifique : "Je suis de la race de ceux qu'on opprime". Fondateur du mouvement de la négritude, il prônait un "humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète".
Vous avez envie de savoir ce qui est écrit à côté des desssins ? Téléchargez en cliquant le dossier pdf réalisé par Yvan Postel. Ces six figures transforment chaque passage devant la fresque en moment de contemplation active. Elles nous invitent à réfléchir sur nos propres engagements, nos petits courages quotidiens, notre capacité à construire un monde plus juste et plus beau. Pour prolonger cette réflexion chez soi, rien ne vaut la lecture inspirante d'un livre de seconde main qui nourrit notre quête de sens et de créativité.
Témoignage de l’artiste, Yvan Postel
Yvan a gentiment accepté de répondre à quelques questions afin que vous puissiez mieux comprendre son cheminement créatif.
L'art comme mode de vie et bien-être
Pour Yvan, l'art fait partie intégrante de son équilibre : "Je dessine depuis que je suis enfant, cela fait donc complètement partie de ma vie." Sa routine créative échappe aux codes traditionnels : "En terme de dessin, le truc c'est qu'il n'y a pas vraiment de routine… C'est un truc à la fois génial et pas du tout car ça peut arriver à tout moment !" Pour nourrir son inspiration, il a développé ses propres rituels : "Moi, je me déplace beaucoup à vélo et c'est une excellente façon de maturer les idées et de réfléchir aux projets ! Le tout étant d'avoir toujours son petit carnet pour noter les idées !" Cette "méditation cycliste" remplace les pratiques contemplatives plus classiques et lui permet de rester connecté à sa créativité. Ces balades créatives nécessitent de bien s'hydrater : avoir sa gourde réutilisable permet de rester dans cette démarche respectueuse de l'environnement.
Une approche artistique accessible et authentique
Yvan prône une philosophie de l'art accessible à tous : "J'ai pas vraiment de matériel préféré. Et j'aime l'idée de ne pas avoir besoin de matériel 'luxe' pour dessiner. Stylo bille, papier photocopieuse, crayon de couleurs… Le dessin c'est un luxe incroyable de pouvoir faire des trucs extraordinaires avec deux bouts de ficelle !" Pour la fresque, il reste dans cette logique pragmatique : "J'ai pris des peintures murales type industriel et des pinceaux/rouleaux en magasin de bricolage. J'utilise aussi des stylos type posca." Son conseil résonne avec cette authenticité : "Le concept 'd'artiste' me semble très surévalué. Cela sous-entendrait que quelqu'un serait frappé d'une sorte de don… Or il s'agit avant tout de beaucoup de travail ! Il n'y a aucune magie… Juste certains qui bossent et qui osent. Le conseil serait donc le suivant : osez, travaillez, et lâchez les chevaux !"
La genèse du projet et les choix artistiques
Le projet a trouvé un écho immédiat chez Yvan : "Je suis très sensible aux luttes antiracistes et anti-oppressions. J'aimais l'idée de proposer un projet pour une place nommée Nelson Mandela. Ça fait directement référence à la lutte pour les droits humains élémentaires." L'élargissement à six personnages découle d'une réflexion profonde : "Je pense qu'il était intéressant d'élargir le combat de Nelson Mandela à d'autres luttes menées contre le racisme, contre l'esclavagisme, contre la ségrégation… J'étais aussi désireux de respecter la parité hommes/femmes." Ce travail de recherche l'a profondément marqué : "Le projet m'a poussé à faire des recherches sur les personnalités ayant œuvré dans le sens de la lutte contre les formes d'oppression liées au racisme et j'ai découvert des personnalités incroyables ! Harriet Tubman notamment que je ne connaissais pas du tout." C'est d'ailleurs elle qui l'a le plus touché : "Harriet Tubman m'a le plus frappé. Elle a eu une vie de dingue ! Toute sa vie elle a lutté pour ses convictions sans faillir. Et pourtant elle a subi des trucs complètement fous !"
L'expérience humaine et participative
La dimension collaborative du projet enchante Yvan : "J'aime beaucoup l'échange avec les habitants. Il y a toujours des discussions intéressantes. Que ce soit sur la fresque ou l'évocation du thème… Il y a des gens qui passent et qui s'arrêtent à regarder et parfois un simple bonjour va enclencher une discussion. J'aime beaucoup ça !" Les retours des habitants le touchent particulièrement : "On m'a beaucoup dit que c'était joli. J'ai aussi entendu que les personnages représentés étaient de belles personnes. Et aussi qu'il pleuvait beaucoup et que ça ne devait pas être facile de jongler entre les gouttes !" C’est vrai que pour le coup, Yvan n’avait pas besoin de crème solaire ! Quoi que...il y a eu de beaux moments ensoleillés qui lui ont permis d'avancer sans avoir peur de voir la peinture couler. Mais pour lui, l'émotion la plus forte c’était à l'annonce du choix de son dessin pour la fresque : "Je ne pensais pas spécialement être retenu car je n'étais pas le plus chevronné des prétendants et qu'il y avait de superbes projets. Du coup, j'étais super content ! D'autant plus qu'il s'agit d'un choix des habitants du quartier !"
Le processus créatif et l'impact espéré
Yvan explique sa méthode avec simplicité : "Je commence par dessiner le projet sur papier. Ensuite je reporte les différentes formes et sections à la craie puis au posca pas trop appuyé. Ensuite les couleurs et enfin les finitions au feutre acrylique. Les finitions sont vraiment mon moment préféré ! C'est là qu'on voit le rendu final." Ce qu’il ne dit pas, c’est que ces longues heures de concentration créative lui ont certainement demandé de maintenir son énergie avec des encas sains et naturels comme les fruits séchés. Son objectif dépasse l'esthétique : "Le but est de traduire visuellement des concepts abstraits comme la liberté, l'égalité, la tolérance. Et aussi de faire le lien avec le nom de Nelson Mandela. C’est aussi de questionner les gens qui regardent sur qui sont ces personnages." Quant à son ressenti sur ce projet : "Je suis très content. C'est mon plus gros projet jusqu'ici et il s’est passé comme je l'avais imaginé. C'est très chouette !"
Cette fresque murale située en cœur de ville nous interroge sur notre rapport à l'art, à la beauté et à la bienveillance dans l'espace public. Elle nous invite à considérer chaque mur, chaque espace délaissé comme une opportunité de créer ensemble quelque chose de beau et porteur de sens.
La prochaine fois que vous passerez devant cette fresque peinte sur un mur, prenez un instant pour respirer, sourire et vous laisser émouvoir. Car c'est peut-être là, dans ces moments simples de contemplation partagée, que se nichent les plus beaux trésors de notre quotidien urbain.
Et si chaque fresque était une invitation à ralentir et à se reconnecter à l'essentiel ? Et si l'art urbain inspirant devenait le nouveau visage de nos villes, plus humaines, plus accueillantes, plus sereines ? Et si peinture et végétalisation de façade s’accordaient pour former des tableaux vivants évoluant au fil des saisons. J’ai eu l’occasion de voir quelques œuvres pionnières dans ce domaine, cela évoque un futur désirable. D'ailleurs, créer son propre coin de nature avec des graines de plantes adaptées à la ville permet d'ajouter cette dimension vivante à notre quotidien.